Techniques artistiques de Philippe Benichou

La texture m’importe énormément et son effet sculpture sur une peinture, la profondeur qu’elle aide a créer avec la couleur et les formes qui s’imposent à travers elles. J’utilise des mélanges d’acrylique, huiles, poudres d’or, d’argent et de bronze, des pigments, de la terre, colles, essences végétales, café moulu et séché au soleil pendant deux semaines, aquarelles, pastel à l’huile, enduits variés, encres de dessinateur ou d’architecte, mortiers d’artistes et grains divers, herbes épicées, poudres colorées, objets variés récoltés à droite à gauche (pas forcément visibles sur la peinture mais aident les textures) et tempera.

C’est les différence de séchage entre les matières mélangées(ensuite appliquées au pinceau ou versés) à base d’eau et huile qui s’entrecroisent et produisent, après manipulation au couteau de peintre, des effets désirés. Chaque tableau est manipulé pendant des heures et incliné avec soutien pour amener des soulèvement par dessous et par dessus quand l’inclinaison est forte. Plus l’inclinaison est lente plus les matériaux de dessous gonflent. Plus l’inclinaison est haute plus les matières de dessus glissent par dessus les autres.

Le couteau est très important. J’en utilise 5 de différentes tailles et effet. Une peinture a besoin d’environs de deux à trois semaine de séchage minimum et de manipulation pendant la première semaine tous les jours. Je peux en commencer trois ou quatre et les travailler selon ma guise sur un établis. Des matières sont ensuite rajoutées plus tard vers la fin et la j’utilise des huiles appliquées au couteau et ensuite grattées. L’huile de lin me sert beaucoup ainsi que des peintures métalliques industrielles de couleurs intenses qui sont en vérité des couleurs pour peindre les voitures; mélangées à des pâtes de préparation maison elles m’aident a compléter mes toiles.

Les toiles changent de composition parfois dix fois avant que je décide d’arrêter. J’aime cette liberté totale et très risquée. Mais le risque travaille en vérité ma technique, mes idées et la matière (media), car si je bifurque totalement par rapport à l’idée originale je dois travailler très dur mis parcours pour finir avec succès.

Le succès pour moi c’est l’harmonie artistique en place. Le mouvement, cassures de monotonie, dynamisme, tension, trompe l’œil, interruption, coordination des couleurs, relation des formes, fermeture esthétique des couleurs, lumière et atmosphère générale et spécifique des idées et des matières ainsi que l’orientation des champs visuels.

Les poudres d’or, d’argent et de bronze font partie intégrale de mes outils ainsi que les vernis forts, durs et transparents. Je mélange les peintures à l’eau et à l’huile car leur différence de temps de séchage me donne des effets importants dans mon travail. C’est ma signature : mélanges difficiles et vernis transparents. Sans eux je n’en serais pas là. Je sais que je suis le seul à le faire. Je suis très anti-conventionnel dans mes mélanges. Cela m’a pris plus de trois ans à perfectionner et beaucoup d’échecs.

Je manipule en même temps que je peins. J’applique la peinture et je la manipule une fois sur la toile. Je la travaille après avec un couteau à peinture. Je gratte, j’étale un peu, je projette, je tape, je raye, j’ai souvent l’impression de cuisiner et de faire l’amour quand je peins. Je retrouve des processus similaires. Lentement d’abord et puis arrêt, et puis très fort, très vite et puis lentement, doucement encore. Des vagues d’envie m’envahissent des poses, des pensées érotiques, sensuelles, masculin, féminin, il y a parfois des orgasmes créatifs et répétés.

Je suis d’accord avec Pollock et Kandinsky que l’on peins ce que l’on est. Je pense en vérité qu’on ne peut peindre que ce que l’on pense que l’on est. C’est en vérité très personnel pour moi. Je peux peindre et être privé mais pas caché. Donc je suis libre de penser et d’agir sans avoir a me soucier de l’extérieur et en même temps celui qui veut voir ce que je pense est libre de tout voir et tout lire. Nous communiquons sans les mots et les vocables et les codes sociaux de société, de cultures. C’est très subtil, mais simple.

©2010 Philippe Benichou